jeudi, mars 24, 2011

Biutiful

Les mardi, on aime les mardi : c'est moitié prix au cinéma ! C'est avec Stéph et Marie-Trash que je me suis rendu au cinéma du quartier latin pour voir ce dernier film d'Alejandro Gonzalez Iñarritu nommé Biutiful (2010). Le créateur de Babel (2006) et de 21 grammes (2003) se dépassent une fois de plus pour nous offrir un film tel qu'il a l'habitude de le faire : dans une ingénieuse complexité à la fois spirituelle et humaine. Le film est tourné à Barcelone, en Espagne. 

Uxbal est père de famille, séparé de sa femme Marambra, la mère de los ninos Ana y Mateo. Uxbal travaille avec l'illégal, conjuguant deal et police. Il vit dans un appartement en piètre état et, entre ses occupations, il va à la rencontre des endeuillés pour communiquer avec l'être cher et lui montrer le chemin de la paix. Seulement, voilà qu'il apprend son cancer, la maladie est telle qu'il ne lui reste plus que quelques mois, mas o menos. 
Uxbal et Ana dans la cuisine.

Inarritu a l'habitude de traité de sujets complexes, où la vie est inter-reliée. Il porte dans ses dicours cinématographique une sagesse; mais celle-ci confronte toujours la frustration, l'incompréhension, l'injuste... Les mises en scène de ses films rappellent la vie, bien sûre, et culmine en terme d'émotions, tant elles sont variées. Dans Biutiful, encore une fois, Inarritu nous livre un récit complexe, au montage plus simple mais pas moins intéressant que 21 grammes.

Uxbal voit le monde autour de lui se désintégrer, se défaire, mourrir... Mais voilà, en plus de tout cela en parallèle, il apprend lui-même que sa fin est proche. Toutefois, il ne veut pas partir, non, pas question. Voilà où réside tout le coeur du récit à mon avis. Il ne veut pas partir comme son père l'a fait, et que ses enfants n'est aucun souvenir de celui qu'il est, de ce qu'il a fait. Soulignons la performance de Javier Bardem qui a d'ailleurs été nominé aux Oscars.

Le film, dans son montage, est comme un cercle. Il commence avec les mêmes séquences qui le finissent. Bien sûre, ces séquences prennent une toute autre tournure, leur signification n'est plus la même : elle est désormais plus claire et concise.

Je m'aventure alors dans mon interprétation de ces séquences. Comme je le mentionnais plus tôt, Uxbal a peur de l'oublie, et encore davantage du départ. Ces séquences représentent justement ces deux dimensions.  La première séquence révèle, sous l'éclairage nocturne d'une simple lampe, la main du père et de sa fille, lors d'une discussion autour de la bague de mariage, monté d'un véritable diamant. Mais cette bague est d'abord et avant tout le seul souvenir qui lui reste de ses parents. Souvenirs qu'il transmet alors à sa fille, pour ensuite partir en paix, laissant la vie à son cours. La seconde séquence est dans les bois enneigés, Uxbal a devant lui un hibou mort au sol. Il le contemple quand son père arrive cigarette à la bouche. (il a dans les 20 ans, l'âge à laquelle il est mort au Mexique). Il lui parle de malchance, de superstitions, et lui offre finalement une cigarette. Les propos que son père lui dit alors qu'il se trouve de "l'autre côté" sont issues du récit et leur crédit revient partiellement à Mateo, le petit garçon d'Uxbal. Il parle également de la mer, immitant son sifflement, élément mystérieux du récit, voire à connotation spirituelle ou même purement onirique. C'est ensuite qu'ils quittent le bois, l'un suivant les pas de l'autre, vers un espace qui ne nous est jamais révélé.

Partir, disparaître, oublier, voilà la peur d'Uxbal. Il est en connexion avec les morts, il leur parle et leur montre le chemin vers "l'autre côté" qui s'avère n'être que le début. Voilà qu'il apprend qu'il va partir à son tour : seulement, il ne veut pas, il ne peut pas. Les choses suivent tout de même son cours, le livrant peu à peu malgré lui vers la mort, et c'est ainsi également autour de lui. Je ne veux pas révéler tous les éléments du récit, mais disons que même autour de lui, c'est la maladie, la pauvreté, et l'impuissance.

Bon, de la façon dont j'en parle, on croirait à quelque chose de lourd, mais non. Parce que malgré tous les malheurs du film, on y retrouve des moments de bonheur. Ceux-ci sont d'ailleurs souvent suscités par le souvenir, mais également vécu en temps réel. C'est une ode à la vie, et à sa cruauté. C'est aussi un film d'une grande sagesse où on parvient malgré les malheurs à atteindre la sérénité.

Pas de clichés, bien sûre, qu'un monde vraisemblable et totalement convaincant, décidemment, Biutiful est un film qui mérite un deuxième, voire troisième visionnement. Les messages du film sont multiples, subtiles, songeurs. On ne reste pas sur sa faim, Inarritu délivre totalement ! Buen Apetito !

Je donne 10/10 à ce poisson tilapia avec riz.

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