Léon Bronstein, jeune étudiant du secondaire à Montréal, est convaincu d'être la réincarnation de Léon Trostky, célèbre militant russe aux idées marxistes/socialistes/syndicalistes. Léon est animé d'une détermination rare chez les jeunes étudiants, et fait face à des problèmes avec la foule qu'il veut défendre. Apathie ou ennuie ?
Je l'ai écouté en français, autant le dire tout de suite : c'est horrible comme torture la traduction. Mise à part ce petit dérangement, mon appréciation du film a été fort positive. Il me semble que des personnages comme Léon se font rare de nos jours. La désillusion se fait de plus en plus jeune.
Le personnage de Léon est adorable, et tellement drôle ! Rien ne l'arrête, pas même le ridicule. Il accuse volontier tout être moindrement autoritaire de Fasciste et dictateur de la pensée, bref c'est à croire que le diable gravite tout près de nous constamment. Sa détermination l'amène à s'entourer d'acolytes sympathiques quoique peut-être trop stéréotypés. La représentation des étudiants est l'habituelle; mais comporte en soi l'idée d'un caricature cocasse d'une société composé de jeunes obnubilés par la fin des cours.
Léon fait souvent le même rêve, signe de son obsession et de sa conviction d'être l'essence de quelqu'un d'autre. Dans son rêve, c'est la fameuse scène d'un classique du cinéma soviétique : les marches d'Odessa, du film Cuirassé Potemkine, 1925. Cette scène du film, c'est un moment paisible qui se transforme en catastrophe alors que tout le monde fuit à l'arrivé des militaires. La foule en panique se piétine, et parmi l'hystérie, une femme en vient à perdre la grippe de son landau et de son bébé à l'intérieur. Dans Le Trotsky, Léon y figure alors comme le poupon dans la poussette, et se retrouve à être celui qui déboule les marches d'une bâtisse semblable au parlement (au lieu d'Odessa). Il se réveille alors en sursaut : quelle tourment ! J'ai trouvé la référence plus qu'intéressant, et combien pertinente.
Le film montre bien une réalité qui n'est plus la notre. La révolution ne fait pas partie de notre société. Le syndicalisme est une vague de moins en moins populaire, on y adhère naturellement, simplement. On ne se bat plus pour notre défense, tant qu'il n'y a pas de "réels" problèmes. Léon est tout le contraire de cela, il veut trop. Tout le monde autour de lui s'en fou, mais pas lui. Il est convaincue qu'il y a plus, et veut absolument défendre une cause, quitte à en inventer une. De plus, Léon est un fils d'une famille riche (père pdg) qui habite l'ouest de Montréal et va à l'école privée, parle anglais... bref, il n'a rien d'un garçon issu de la classe ouvrière désireux d'en sortir : c'est la le cocasse de la chose, puisqu'il vit très bien tout comme le laisse entendre les gens autour de lui.
Les références dans le film sont multiples : Ernesto Che Guevera, Lénine, Mao, Staline, Marx, Trotsky, etc. Le rouge se fait toujours une petite place dans l'espace, et le signe du fossile et du marteau est loin de se faire absent.
Intéressant, mais surtout comique, le film a un cachet tiré tout droit de l'originalité de son scénario.
Je donne 7/10 à ce boeuf Stoganov
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