Delicatessen, c'est l'histoire des habitants d'un même immeuble. Les temps sont dures, et la nourriture manque : surtout la viande. Le propriétaire de l'immeuble, le Boucher, commence littéralement une charcuterie humaine en attirant les petits nouveaux pour mieux les découper et s'en nourrir (lui, et les autres). À l'arrivée de Louison, la jeune fille du boucher ne veut pas voir encore une fois une personne sympathique finir en morceaux de saucisson... Elle tente de trouver un moyen de sortir de cette prison.
![]() |
La fille du boucher, Julie, et Louisson |
On suppose qu'il s'agit d'une autre époque, puisque tout est vieillie, antique, sépia. On s'aventure parfois dans les teintes de vert et de bleu, mais on ne quitte jamais le vieillot, le croulant, le moisi. Le monde dans lequel vivent les personnages est en piètre état. On ne lui donne pas long feu. Ce qui est étrange, c'est qu'il n'y a pas tant de pitié pour le milieu dans lequel ils vivent. On se dit que cela fait partie des personnages, celui du boucher par exemple. Ce n'est pas pour rien qu'ils se fondent si bien dans l'espace. C'est un peu comme les animaux et les insectes qui se sont adaptés au milieu dans lequel ils ont évolués.
Le scénario a ses lacunes, puisque son histoire reste peu intrigante ou surprenante. On doit tout le charme du film, ainsi que tout l'intérêt qu'on lui porte au traitement visuel et sa magnifique direction artistique. Les teintes sont charmantes.
Les situations sont souvent aussi très belles, mais ne contribuent pas nécessairement au récit. Les mises en scène sont très révélatrices du pouvoir du propriétaire (le boucher). Je pense à cette séquence, suite de scène où, parmi le bloc, les locataires adoptent le rythme de l'activité du boucher. Celui-ci, à l'étage, est occupé à satisfaire sexuellement sa belle. Si sa cadence accélère à un certain rythme, il en est de même pour tous le reste du bloc appartement. Le tout accompagné d'un bon travail sonore qui donne à ce moment du film une portée très significative : la puissance du boucher certes, mais également l'ambiance de ce petit monde à part.
Une belle critique sur la société. Celle-ci même prête à se dévorer entre eux pour survivre. Également un humour bien placé, mais peut-être est-ce la peur qui manque au film ? La situation est pourtant celle de la crainte ? On n'a pas d'inquiétudes pendant le film. On savoure, tout simplement ! Parce que c'est délicieux !
Je donne 7/10 à cette entrée d'escargot à l'ail.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire