lundi, avril 25, 2011

Le charme discret de la bourgeoisie

Mon troisième film du mois ! J'en reviens pas, est-ce possible? Je me demande comment j'ai fait. Aurais-je oublié de commenter un film que j'ai vu? J'en doute. Mais voilà, j'en ai un là. Le charme discret de la bourgeoisie (1972) est un film de Luis Bunuel, réalisateur espagnol reconnue pour sa participation au mouvement Dada entre autre, et également pour sa collaboration avec Dàli pour Un chien Andalou, court-métrage surréaliste de 1928.

Le Charme discret de la Bourgeoisie est un film mettant en scène des amis bourgeois. Il s'agit de leur quotidien banal, agrémenter de rêves, d'évènements surprenants, et de paradoxes dignes du surréalisme.

On ne peut apprécier ce genre de film sans d'abord connaître en quoi consiste de surréalisme. On ne peut s'asseoir devant ce film et oublier la vie, puisqu'il le rappelle sans cesse par sa critique. Il s'agit clairement d'une critique de cette bourgeoisie qui, malgré son appartenance, n'échappe pas à la cruauté de la vie, de la guerre, du mensonge... 

Les personnages ne sont ni détestables ni adorables. Tout ce qui se déroule est tellement incongrue, que tout ce qui subsiste, ce sont nos émotions, nos sensations. 

Il y a plusieurs moments sanglants et violents, mais la peur reste de côté, camouflé par la surprise ou l'incompréhension. Le récit est ponctué de rêves, de rêves dans des rêves où les évènements s'évanouissent pour ensuite renaître sous une autre forme. 

On reconnait au film des éléments qui se rattache directement avec son réalisateur, Luis Bunuel. Celui-ci avait d'abord une fascination pour les insectes, qui font une, deux, trois apparitions remarquées. Il avait également une relation particulière avec sa mère qu'il adorait, ainsi qu'une relation distante avec le père. Bunuel, tel que le témoigne son film, exécrait la religion (le pape), le mensonge, et toutes les manifestations de la cruauté de l'humanité. 

Faute de temps, je ne me suis pas appliqué à analyser en profondeur le film. Il y a là beaucoup à faire, toujours en lien avec son réalisateur entre autre. Le film nous donne beaucoup de matériels, beaucoup de curiosités à la fois dénuées de sens, mais également porteuses de quelques choses. 

Une scène particulière revient à plusieurs reprises : nos couples de bourgeois marchent dans un rue de campagne, entourée par de vaste champ où seul le bruit de leur pas retenti. Est-ce un témoignage de leur égocentrisme? Un témoignage de leur position par rapport au reste du monde, à l'écart. Où cela peut-il seulement démontrer que ces êtres passent leur vie à développer des idées, alors qu'ils sont en fait toujours "dans le champs" ? 

Libre à nous d'interpréter ce film, c'est là une des beautés du surréalisme. Le genre de film qui nous donne envie d'en savoir plus, d'avancer, de découvrir.

Fascinant.

Je donne 7/10 à ce yogourt moka !

lundi, avril 11, 2011

The Darjeeling limited

Un dimanche soir assez banal. La pluie qui tombe partout en ville. Bref, c'est dans ces soirs-là que tu prends le temps d'écouter un film; que t'as pris le temps de choisir aussi. Si vous avez aimé Fantastic M. Fox (2009) de Wes Anderson, sachez que ce n'est pas le seul bon film qu'il ait réalisé. Un petit retour en arrière dans sa filmo vaut le coût pour The Darjeeling limited (2007). Le film a été très peu médiatisé il me semble, et pourtant, a de belles têtes d'affiches au casting : Owen Wilson, Adrien Brody et Jason Schwartzman  qui forment un trio tout simplement magique. 

Francis, Peter et Jack sont trois frères, même si ça ne sautent pas aux yeux tout de suite. Les trois se retrouvent en Inde à bord du Darjeeling limited pour un voyage spirituel organisé par Francis, le plus âgé. Les trois frères sont dans un état pitoyable, leur vie allant de travers depuis la mort accidentelle de leur père : l'un a laissé sa femme enceinte à l'autre bout du monde sans même lui dire qu'il partait, l'autre vit une relation amoureuse défaillante et instable, tandis qu'un autre est quasi-défiguré suite à un accident et se drogue constamment de sa médication. Les trois frères tenteront également lors de leur voyage en Inde de visiter leur mère, qu'ils n'ont pas vu depuis son absence remarquée aux funérailles du père...
Dans l'ordre : Owen Wilson, Adrien Brody, Wes Anderson et Jason Schwartzman

L'alcool coule à flot, les cigarettes ne cessent de s'allumer : on est dans un univers aux couleurs vives de l'Inde, de la couleur de son soleil et de sa poussière, en contraste avec l'état psychologique de ces trois frères qui ne se font même plus confiance. 

Le film est magnifiquement dévoué à son histoire. C'est agréable de retrouver un film où la dramatisation est totalement absente. Je dis bien totalement. Les évènements se succèdent innocemment, sans amplification, pas de violon, de gros plan... Tout y est simplement, pas besoin d'une loupe pour voir de plus près : what you see is what you get. Ça c'est passé comme ça, simplement, pas de ralenti, ni d'accéléré, juste la situation qui arrive et qui part rapidement. Le spectateur se demande : Ça vient vraiment d'arriver ? De la même manière que les personnages se retrouvent devant un évènement auquel ils n'auraient jamais penser participer. (Je ne parle pas de trafic de drogue, vous verrez bien.)

Le langage du film est beau et unique, mais pas transparent. Quand je dis qu'il n'est pas transparent, c'est qu'il nous surprend en s'affichant clairement. Un peu surprenant au début, mais rapidement un élément adorable du film qui joue en sa faveur. Je parle de quoi là ? De panoramique rapide, mais mécanique : donc fluide. Je parle de jumpcut, de saut d'axe et de zoom-in. Pas le genre d'élément de langage que tu vois dans tous les films ! Tout cela fait en sorte que le film est d'une rapidité et d'un rythme agréable. On est loin du plan d'ensemble à la Haneke (je vous rassure), celui-ci qui utilise les plans d'ensemble et les plan-séquences dans la majorité de ses films (notamment Caché, 2005). 

En plus d'avoir une belle brochette d'acteurs qu'on se plaît rapidement à voir dans un film de cette palette, les beautés de l'Inde apportent au film toute une bulle d'exotisme, de découvertes, ainsi que sa renommée de pays ô combien spirituel. 

Je n'en dirai pas plus, mais j'ai adoré ce film. Je l'achèterais ! Wes Anderson me plaît de plus en plus. Surtout lorsque la chanson de Joe Dassin, Les Champs-élysées, s'entame à la fin du film suivie du générique. Une très belle trame sonore décore le film : Play with Fire de The Rolling Stone, mais surtout de la musique film à la 60's avec des compositeurs comme Satyajit Ray et Ustad Vilayat Khan.

Dernier point : le film est intemporel. Même si on peut croire que le film se déroule dans les années 70 ou 80, on peut tout aussi croire le contraire. Merci à l'Inde, ainsi qu'au retour de la mode Vintage. 

Je donne 10/10 à ce blé d'Inde ! 

jeudi, avril 07, 2011

Delicatessen

Ça faisait un bail il me semble, que je n'avais pas vu un film. C'est peut-être la fin session... Anyway, j'ai quand même décidé d'en louer un provenant du côté de nos cousins français : Delicatessen (1991) de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. Jeunet est le réalisateur, entre autre, du fameux film : Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulin (2002). Pour sa part, Caro a derrière lui une tonne de colaboration en tant que directeur artistique, acteur, réalisateur ou même scénariste. Jeunet et Caro ont collaborés une seconde fois ensemble dans le film La Cité des enfants perdus (1995).

Delicatessen, c'est l'histoire des habitants d'un même immeuble. Les temps sont dures, et la nourriture manque : surtout la viande. Le propriétaire de l'immeuble, le Boucher, commence littéralement une charcuterie humaine en attirant les petits nouveaux pour mieux les découper et s'en nourrir (lui, et les autres). À l'arrivée de Louison, la jeune fille du boucher ne veut pas voir encore une fois une personne sympathique finir en morceaux de saucisson... Elle tente de trouver un moyen de sortir de cette prison.
La fille du boucher, Julie, et Louisson
Tout d'abord, ne vous laissez pas avoir par ce que projète le film et son synopsis. Pas de violence gratuite ni de sang qui coule à volonté ; mais, oui, de la cruauté, mais comique. J'ai d'ailleurs été déstabilisée devant le film, car je m'attendais à autre chose, j'imagine. Ce n'est pas une question de qualité, mais d'attentes.

On suppose qu'il s'agit d'une autre époque, puisque tout est vieillie, antique, sépia. On s'aventure parfois dans les teintes de vert et de bleu, mais on ne quitte jamais le vieillot, le croulant, le moisi. Le monde dans lequel vivent les personnages est en piètre état. On ne lui donne pas long feu. Ce qui est étrange, c'est qu'il n'y a pas tant de pitié pour le milieu dans lequel ils vivent. On se dit que cela fait partie des personnages, celui du boucher par exemple. Ce n'est pas pour rien qu'ils se fondent si bien dans l'espace. C'est un peu comme les animaux et les insectes qui se sont adaptés au milieu dans lequel ils ont évolués. 

Le scénario a ses lacunes, puisque son histoire reste peu intrigante ou surprenante. On doit tout le charme du film, ainsi que tout l'intérêt qu'on lui porte au traitement visuel et sa magnifique direction artistique. Les teintes sont charmantes.

Les situations sont souvent aussi très belles, mais ne contribuent pas nécessairement au récit. Les mises en scène sont très révélatrices du pouvoir du propriétaire (le boucher). Je pense à cette séquence, suite de scène où, parmi le bloc, les locataires adoptent le rythme de l'activité du boucher. Celui-ci, à l'étage, est occupé à satisfaire sexuellement sa belle. Si sa cadence accélère à un certain rythme, il en est de même pour tous le reste du bloc appartement. Le tout accompagné d'un bon travail sonore qui donne à ce moment du film une portée très significative : la puissance du boucher certes, mais également l'ambiance de ce petit monde à part.

Une belle critique sur la société. Celle-ci même prête à se dévorer entre eux pour survivre. Également un humour bien placé, mais peut-être est-ce la peur qui manque au film ? La situation est pourtant celle de la crainte ? On n'a pas d'inquiétudes pendant le film. On savoure, tout simplement ! Parce que c'est délicieux !

Je donne 7/10 à cette entrée d'escargot à l'ail.